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© Gisèle Foucher - Tous droits réservés
Cet article (sur 4 pages) est paru dans le magazine Comment ça Marche n°18 de décembre 2011.
Qui était donc ce fier peuple ? Etaient-ils vraiment tels que les écrits les dépeignent ?
Nous ne connaissons l’Histoire que par les écrits d’historiens, de copistes et d’écrivains, colorée malgré eux ou en toute connaissance de cause par leurs points de vue et interprétations personnelles. Peu de vestiges de l’époque gauloise nous permettent de retranscrire fidèlement ce que fut la vie des Gaulois, dépeints dans certains livres d’Histoire comme des personnes incultes et indisciplinées, car la transmission orale des connaissances était prédominante. Jules César fut l’un de ces écrivains ‘influencés’. Il décrivit en sept ouvrages appelés ‘De Bello Gallico’ (Au sujet de la guerre des Gaules), les us et coutumes des Gaulois. Ces écrits, déformés vraisemblablement à son profit, sont malheureusement à l’origine des connaissances qui nous sont enseignées à l’école.
Les Gaulois firent leur apparition aux environs du Ve siècle av. JC. Ce sont les Romains qui attribuèrent en premier le terme ‘Gallia’ aux territoires compris entre les Pyrénées, les Alpes et le Rhin. Leurs habitants appartenaient à la grande communauté des Celtes, originaires d’Europe centrale et qui s’étendait jusqu’aux îles britanniques et au détroit du Bosphore. L’étymologie de ‘Gallia’ n’est pas certaine et pourrait avoir été empruntée au celtique galiā, la force, d’après le vieil irlandais gal : fureur guerrière. Ce n’est qu’à la Renaissance que le terme fut associé à gallus : coq, qui devint par la suite l’animal emblématique de la France.
Les Gaulois étaient à l’origine semi-nomades, se déplaçant avec les besoins plutôt que dans un état d’esprit conquérant mais n’hésitant pas cependant à se procurer par la force des biens, terres et esclaves. Jusqu’à la conquête romaine, ils ne supportaient aucune autorité unique.
Les Romains avaient main mise dès le début du IIIe siècle av. JC sur le bassin occidental de la Méditerranée. Au milieu du Ier siècle av. JC, Jules César, dans sa soif de conquête, décida d’étendre son hégémonie sur la partie transalpine de la Gaule, puis sur la totalité des territoires, ponctuant son avancée de génocides.
Vercingétorix, noble issu d’une puissante famille de la tribu des Arvernes et ayant suivi l’enseignement des druides, chercha alors à repousser l’envahisseur et organisa fin -53 une grande coalition. L’insurrection du peuple gaulois se termina par une victoire sur les Romains à Gergovie, capitale des Arvernes, en juin -52. Fort de ce succès, les Gaulois repartirent au combat, optant pour une politique de terres brûlées afin d’empêcher les Romains de se ravitailler et les freiner dans leur avancée. La guerre prit fin à Alésia où Vercingétorix fut obligé de rendre les armes en octobre -52 après 40 jours de siège. En -51, la Gaule était entièrement sous l’égide des Romains et voyait sa culture profondément changer pour y être imprégnée de culture romaine. Les Gaulois devinrent des Gallo-Romains.
Les Gaulois n’étaient pas avares en dieux : pas moins de 500 se disputaient l’univers, sans qu’aucun panthéon ne soit imposé à l’ensemble du peuple gaulois a priori, hormis le dieu protecteur de la tribu Teutanes (Toutatis). Ces divinités étaient vénérées, toutes sortes d’offrandes leur étaient faites, sans oublier d’occasionnels sacrifices humains.
Les Gaulois divisaient le monde en trois : des abysses infernales, la terre et le ciel, ce dernier, sous forme de voûte, paraissant fragile et prêt à se briser sur eux. Ils croyaient pourtant à la vie éternelle et en la réincarnation des âmes. Les ‘vates’, membres de la classe sacerdotale et dont le nom désigne un devin ou un prophète, pratiquaient l’art de la divination dans les songes, le vol des oiseaux et surtout les nombres.
Parmi les grandes fêtes religieuses celtiques qui ne manquaient pas d’égayer les villages gaulois, quatre introduisaient les saisons : le 1er février était fêté l’Imbolc, le 1er mai le Belteine, le 1er août le Lugnasad et le 1er novembre le Samain.
Les Gaulois se revendiquaient tous de la même souche, ce qui leur donnait d’une certaine façon une obligation de solidarité malgré les différents conflits qui éclataient entre les tribus. Les divers dialectes étaient compris de tous car si les Gaulois n’avaient pas inventé d’alphabet, ils adaptaient celui des peuples avec lesquels ils entraient en contact.
La constitution d’un village était loin d’être le fruit du hasard, ou de répondre à la politique du « premier arrivé, premier servi » : elle obéissait à des impératifs fonctionnels. Les éleveurs se situaient près des prés et d’une rivière, les artisans sous les vents soufflant vers l’extérieur du village afin d’éviter que des incendies malencontreux ne s’étendent à l’intérieur, les agriculteurs au milieu. L’aire était découpée en grandes parcelles régulières, délimitées par des clôtures. L’aisance des propriétaires se reflétait plutôt dans la superficie des maisons.
Le Gaulois était un individu indépendant et farouchement attaché à sa vie privée. Même si les villages faisaient état de communauté - plusieurs familles gouvernées par un chef - la vie était centrée sur la cellule familiale. La femme gauloise jouissait d’une certaine liberté financière car les biens du couple étaient partagés, et avait même la possibilité d’être choisie comme arbitre dans les conflits. La maison gauloise - généralement une pièce unique de forme conique, au toit de chaume et aux murs de torchis blanchis au lait de chaux - n’avait qu’une valeur pratique permettant de dormir et de se protéger des intempéries, et les grands repas festifs avaient plutôt lieu à l’extérieur.
Chaque tribu était une union de familles à l’origine commune et souvent très ancienne, qui pouvait recenser de quelques dizaines à quelques milliers d’individus. La vie communautaire était ponctuée de grands rassemblements où spectacles et chants étaient à l’honneur, et où des affrontements en duel ou en joute verbale faisaient le régal des convives.
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