© Gisèle Foucher - Tous droits réservés
Cet article est paru dans le magazine Comment ça Marche n°17 de novembre 2011.
Quelle est donc cette femme qui tint tête aux armées et aux autorités ecclésiastiques ?
Née en 1412 à Domrémy, en Lorraine, Jeanne entend des voix célestes - qu’elle attribue aux Saintes Catherine d'Alexandrie et Marguerite d'Antioche et à l'archange Saint Michel - dès l’âge de 13 ans. Elles lui demandent d’être pieuse, de conduire le dauphin Charles VII sur le trône et de libérer le royaume de France de l’occupation anglaise. Elle n'y répond qu’à seize ans et quitte sa famille pour accomplir son destin. Elle demande dans la ville voisine à s'enrôler dans les troupes du dauphin. Un an plus tard, Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, accepte finalement de lui donner une escorte, cédant à la ferveur populaire.
Pour mener à bien sa mission, Jeanne va abandonner les jupons et s’habiller comme un homme. Elle traverse ainsi incognito les terres bourguignonnes et arrive à Chinon, où le dauphin la reçoit en février 1429 après réception d'une lettre de Baudricourt. Elle se présente en tant que femme et lui annonce quatre événements : la libération d'Orléans, le sacre du dauphin à Reims, la libération de Paris et celle du duc d'Orléans. Charles VII l'emmène avec lui à Poitiers, où des autorités ecclésiastiques l'interrogent, sa virginité est vérifiée par des matrones et une enquête est menée sur elle à Domrémy. Preuve étant faite qu'elle n'est pas une sorcière, le dauphin autorise Jeanne d'Arc à marcher sur Orléans et la nomme chef de l'armée.
Il faut une armure à cette jouvencelle, adaptée à son gabarit. Celle-ci sera complétée d'une épée et d'un étendard blanc frappé de la fleur de lys sur lequel elle inscrira Jesus Maria. Jeanne prend la tête d'un convoi de ravitaillement et part de Blois pour Orléans en avril 1429. De nombreux chevaliers et hommes d'armes se joignent à elle, subjugués par sa foi, son assurance et son courage. Tout au long du chemin, Jeanne d'Arc 'nettoie' l'armée de secours de ses prostituées, les mariant ou les expulsant et envoyant en avant-garde des troupes d'ecclésiastiques.
Orléans est assiégée par les Anglais-Bourguignons depuis octobre 1428. Lorsqu'il est enfin décidé de reprendre la ville, en avril 1429, les assiégés
viennent d’accepter de se rendre aux Bourguignons. Devant le refus du duc et régent anglais de Bedford, le duc de Bourgogne, excédé, fait retirer
ses troupes.
À Orléans, Jeanne d'Arc rencontre Jean de Dunois, dit « le Bâtard d'Orléans », qui la supplie de traverser la Loire en bateau pour aller redonner
courage aux habitants de la ville plutôt que d'attaquer de front les Anglais. Jeanne cède et entre dans la ville le 29 avril. Grâce à sa foi et son
enthousiasme, elle insuffle une énergie nouvelle aux soldats français.
Le 4 mai, le comte de Dunois parvient avec l'armée royale à franchir la Loire. Les Anglais ripostent mais les soldats français les contraignent à
lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429. Le 13 mai, Charles VII entre dans la ville délivrée.
Forte de cette victoire, la « Pucelle d'Orléans » profite du vent favorable pour débarrasser la région des troupes anglaises s'y trouvant encore. Charles VII décide de se rendre à Reims pour y être sacré roi de France. Le 16 juillet 1429, le dauphin arrive dans la ville, au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons, où il est couronné le lendemain. L'effet politique et psychologique est important.
Alors que Charles VII a signé une trêve avec Philippe le Bon, la Pucelle décide de délivrer Paris des mains des Bourguignons. Assistée du duc d'Alençon, elle entreprend le siège de Paris début septembre 1429. Charles VII lui interdit de continuer le combat, soucieux de respecter la trêve avec les Bourguignons, puis licencie son armée. La guerre n'est pourtant pas terminée. Le duc de Bourgogne conclue une nouvelle alliance avec le duc de Bedford et le jeune Henri VI est sacré roi de France et d'Angleterre à Westminster.
Fin décembre, Jeanne d'Arc est anoblie par le roi. En mars 1430, désireuse de ne pas laisser les Bourguignons et les Anglais reprendre une ascendance en France, elle quitte le château de Sully sur Loire où elle avait accompagné le roi et part en campagne. Répondant à un appel à l'aide de Compiègne, elle se trouve prise entre deux armées. Elle est alors capturée par les Bourguignons le 23 mai 1430.
Elle est retenue prisonnière pendant six mois, puis livrée aux Anglais pour la somme de 10.000 livres. Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, est chargé d’instruire à Rouen le procès de la Pucelle pour hérésie. L'idée a été soufflée que si la fille est jugée hérétique et sorcière, alors son roi sera déshonoré avec elle. Le procès de Jeanne d'Arc deviendrait celui de Charles VII car il montrerait que le roi avait accepté une sorcière dans ses conseils, lui avait confié ses armées et l'avait laissée mener à un sacre "impie".
Les enquêteurs ont néanmoins du mal à trouver un chef d'accusation valable. Le tribunal lui reproche de s'habiller en homme, d'avoir quitté ses
parents sans le leur avoir demandé, de suivre les voix du démon et surtout de ne pas s'en remettre aux autorités ecclésiastiques, mais plutôt au
« jugement de Dieu », ce qui constitue un blasphème. Jeanne d'Arc est condamnée à être brûlée sur le bûcher.
Il est enjoint à la jeune fille de se rétracter sous la promesse d'être enfermée dans une prison ecclésiastique. Jeanne, à bout de force, signe –
mais d'une croix alors qu'elle savait écrire son nom – une reconnaissance de ses « erreurs et offenses envers l’Église ». Jeanne est pourtant
trahie et renvoyée dans sa cellule anglaise. Elle revêt alors de nouveau des habits d'homme (obtenus mystérieusement) ; elle est de ce fait
reconnue « relapse » (retombée dans ses erreurs passées) et brulée vive le 30 mai 1431.
Un second procès en 1456 cassera ce premier jugement et conclura à l'innocence de la Pucelle, élevée alors au rang de martyre. Elle sera béatifiée en 1909 et canonisée en 1920.
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