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© Gisèle Foucher - Tous droits réservés
Des bruits de vaisselle parvenaient de la cuisine, entrecoupés de conversations animées. La voix de la sœur aînée surmontait le cliquetis des
couverts qu’on jetait dans l’évier.
Lisa enroula nerveusement le drap autour de son doigt, les jambes recroquevillées, comme pour les faire disparaître sous elle. Sa respiration était
lourde, oppressée. La sève avait déjà envahi la moitié de son corps.
Là-bas, de l’autre côté du couloir, des cris s’élevèrent :
— Ça suffit, calme-toi, je te dis. Arrête ton cirque, Marie. Tu vas arrêter ?!
— NOOON !! ELLE VEUT ME TUER, TOUT LE MONDE VEUT ME TUER, FAIS-LA PARTIR, JE LA HAIS !!!
Lisa gémit doucement et se balança plus fort. Sa vue se brouillait peu à peu sous l’émotion, déformant les objets comme une vague de chaleur.
La dispute de l’autre côté du couloir allait crescendo, alimentée par des flots de parole inintelligibles de la mère et la fille, qui semblaient ne jamais vouloir s’arrêter. Le père était effacé, invisible, replié dans le salon dont il avait fermé la porte.
Lisa se crispait sur son lit, les doigts livides à force de serrer son drap. Son regard restait fixé sur les étagères du mur d’en face, dans un besoin de s’accrocher à leur immobilité rassurante.
Les éclats de voix doublèrent d’intensité et se changèrent bientôt en hurlements de démence, accompagnés de bruits de bagarre violente. Des objets tombèrent, des portes tapèrent, les murs tremblèrent. L’air se chargea petit à petit d’électricité, comme les premières gouttes d’un déluge.
(Ça recommence, ça recommence …)
Lisa ferma convulsivement les yeux, dans une tentative désespérée pour faire cesser le tumulte.
(Non, pitié, s’il vous plaît, s’il vous plaît, taisez-vous. Taisez-vous, où Il va venir…)
...