© Gisèle Foucher - Tous droits réservés
Cet article (sur 4 pages) est paru dans le magazine Comment ça Marche n°19
de janvier 2012.
Qui étaient les véritables mousquetaires ?
La première chose qui nous vient à l’esprit lorsque l’on entend le mot ‘mousquetaire’ est bien sûr le fameux roman d’Alexandre Dumas ‘Les Trois Mousquetaires’. Mais qui étaient-ils exactement ?
Le mousquetaire était autrefois un fantassin (soldat à pied) armé d'un mousquet qui par la suite combattit indifféremment à pied ou à cheval. À partir de 1560, des mousquetaires existaient dans toutes les armées. Le corps des mousquetaires de la Maison Militaire du Roi de France fut créé en 1622 lorsque Louis XIII dota une compagnie de chevaux-légers de la Garde, de mousquets. En 1634, le corps - gentilshommes servant sous le commandement du Comte de Tréville - fut nommé Compagnie de Mousquetons du Roi puis Mousquetaires du Roi.
Ces élites étaient chargés d'assurer la protection du roi hors des murs du palais. Malgré le titre, chaque mousquetaire devait s'habiller et s'équiper à ses frais, épées et cheval y compris, le roi dans sa grandeur ne fournissant que le fusil et le mousquet. Les uniformes étaient quasi absents au début, si ce n’est une casaque bleue à croix d'argent et un feutre à panache. Chaque compagnie de mousquetaires disposait d’un maréchal ferrant, d'un sellier, d'un fourrier, d'un apothicaire et même d'un aumônier. Richelieu, afin de ne pas être en reste, choisit également un corps de mousquetaires pour son propre service, aux couleurs de l’église (rouge). Ces derniers dépendaient directement de lui quand ceux du roi dépendaient du lieutenant-capitaine des mousquetaires.
En 1646, Mazarin - énervé par la Compagnie des Mousquetaires du Roi qu’il jugeait incontrôlable - la fit dissoudre. Celle-ci renaquit de ses cendres quelques dix années plus tard, en 1657. Lorsque Mazarin mourut en 1661, ses mousquetaires passèrent au service du roi. Le siècle suivant, Louis XVI dissout la compagnie en 1776, pensant y gagner quelques deniers. Le corps, après une reformation peu fructueuse en 1789, tenta dans un dernier soubresaut de remonter à cheval le 6 juillet 1814, sous la Restauration, pour être définitivement dissout le 1er janvier 1816.
Certaines erreurs historiques dans le roman témoignent de l'adaptation romanesque de Dumas des faits de l'époque :
- Les mousquetaires ne se seraient certes pas mis au service de la reine Anne d'Autriche (en s'opposant quelque part au roi), qui était mal perçue du fait de son origine étrangère et pour les intrigues contre le roi et Richelieu dans lesquelles elle était impliquée.
- Aider le Duc de Buckingham, anglais ayant participé à plusieurs expéditions guerrières ennemies en terre de France, aurait relevé de la haute trahison.
- Le véritable Comte d'Artagnan servait la cause de Mazarin, qui l'utilisait pour des missions secrètes.
- Anne d'Autriche, loin d'être le personnage frivole du roman de Dumas, se trouvait compromise - durant l'une des périodes les plus troubles de l'histoire de France - dans des complots fomentés par l'intrigante Duchesse de Chevreuse, de très mauvaise influence. Elle était de plus mal jugée car ne pouvait donner de descendance au roi (elle n'y parvint qu'au bout de 23 ans).
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